Pourquoi avoir voté contre le projet de loi sur la réforme institutionnelle [en commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale] ?
En l’état, je ne peux pas voter pour ce texte que je n’approuve pas. Premièrement, je considère que la Constitution française est une excellente constitution, qui réussit l’équilibre que nous cherchons depuis deux siècles entre la fonction du Président et la vie politique quotidienne entre le parlement et le gouvernement. On nous propose de toucher à trente-six articles, soit un article sur deux de la Constitution. C’est une transformation constitutionnelle qui ne dit pas son nom. Quant aux dispositions sur le pouvoir du Parlement, c’est une réforme technocratique.
En commission des lois, un amendement PS limitant le cumul des mandats des ministres a été voté, y compris par des députés UMP. Un autre amendement donnant aux parlementaires un droit de veto sur les nominations les plus importantes du chef de l'Etat a aussi été voté. Les députés UMP veulent-ils montrer à Nicolas Sarkozy qu’ils sont libres ?
Nous traversons un moment de crise d’identité pour l’UMP. C’’est une affaire très importante. L’UMP est un parti qui a été organisé de façon autoritaire par Nicolas Sarkozy pour la conquête de pouvoir, mais son fonctionnement devient inadapté sous la présidence brejnévienne de Patrick Devedjian. Il y a une indispensable nécessité de réforme des structures et du mode de vie interne de l’UMP. Je suis pour l’existence de courants au sein du parti. Je suis un centriste de toujours et je suis mal à l’aise dans la situation actuelle.
Après le couac d’hier sur les OGM et les événements d’aujourd’hui, assiste-t-on à une fronde des députés UMP ?
Tout cela va continuer à se développer s’il n’y a pas de remède. Ce n’est pas le groupe UMP qui ne marche pas bien. C’est le parti. Le groupe fait un travail remarquable. Les parlementaires veulent participer de façon adulte et non soumise à la conception des textes législatifs. Le concept de coproduction législative, développé par Jean-François Copé, va dans ce sens. La question de la participation des parlementaires à la fonction législative reviendra d’ailleurs pour le projet de réforme économique qui nous sera présenté.
Si l’indiscipline des députés UMP vis-à-vis de l’exécutif continue, une dissolution pourrait-elle être envisageable ?
Non. Le droit de dissolution a d’ailleurs pris un sérieux coup dans l'aile (en 1997, Ndlr)… Mais donner son avis, ce n’est pas être indiscipliné. Un parlementaire soumis n’est pas un parlementaire digne de ce nom.
Nicolas Sarkozy peut-il encore compter sur sa majorité ?
Le Président peut compter sur le groupe UMP, cela va de soi. Nous appartenons à la majorité, il peut compter sur notre soutien. Mais pas sur notre silence, ni sur ma servilité.
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