L’initiative du Président français en faveur de la création d’une Union méditerranéenne sur le modèle de ce que fut à ses débuts la Communauté européenne a le mérite de relancer la réflexion sur ce que doit être l’avenir des relations entre les pays riverains de la Méditerranée. Il était temps ! J’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises, dans ces colonnes et ailleurs, de regretter l’enlisement dans lequel se trouve le processus de Barcelone qu’avec Javier Solana j’ai eu le privilège de lancer avec nos partenaires européens et méditerranéens en 1995.
L’intérêt pour une coopération plus étroite entre les deux rives de la Méditerranée est toujours aussi important, si ce n’est plus qu’il y a dix ans. Dans un contexte exacerbé de risque de chocs des civilisations que tous les hommes d’Etat responsables cherchent à conjurer, il est indispensable de jeter des ponts entre nos pays et nos peuples en adoptant une démarche pragmatique fondée sur des coopérations concrètes sur le modèle de l’intuition géniale des pères fondateurs de l’Europe.
Dans ces conditions, l’idée d’Union méditerranéenne me semble fructueuse précisément parce qu’elle tient compte de l’évolution de l’Union européenne. Entre 1995 et aujourd’hui, l’Europe s’est élargie à l’Est et ce n’est un secret pour personne que les pays pour qui la Méditerranée représente un enjeu stratégique sont désormais minoritaires sans compter que la Commission, qui inscrit son action dans le cadre d’une nouvelle politique de voisinage, ne prend pas en compte la spécificité de nos relations avec le Sud de la Méditerranée, fruits de la géographie et de l’histoire. Recentrer l’idée de coopération autour des pays du Sud européen réellement intéressés (France, Italie, Espagne, Portugal) est donc prometteuse.
L’approche est donc la bonne, il faut y souscrire. Pourtant, il y a des obstacles que nous devons écarter pour faire vivre ce projet. Le premier obstacle réside à Bruxelles où la Commission et certains Etats membres ne voient pas forcément d’un très bon œil qu’une telle initiative voit le jour hors de leur contrôle. Ce à quoi on rétorquera que personne ne s’est opposé à des initiatives telles que le Conseil nordique ou le Conseil des Etats de la Mer baltique. Quoi qu’il en soit, le surplace actuel n’est pas une option : nous devons recréer le mouvement.
Deuxième difficulté, et pas des moindres, les rivalités entre les Etats du Sud de la Méditerranée notamment au Maghreb. Là encore, ce n’est pas une raison de ne pas bouger. Il est de notre responsabilité, au Nord et au Sud, d’enclencher une nouvelle dynamique qui permettrait de débloquer des querelles parfois picrocholines. Je suis d’autant plus confiant sur ce point que l’initiative du Président Sarkozy a suscité un très vif intérêt parmi nos partenaires.
Enfin, la question israélo-palestinienne et israélo-arabe ne doit pas être occultée. Le processus de Barcelone a souvent, trop souvent, buté sur elle. Faire l’Union méditerranéenne suppose qu’une solution satisfaisante soit trouvée à cette épineuse question, solution qui serait amenée à évoluer en fonction du règlement du conflit proche-oriental.
Le contenu de l’Union méditerranéenne reste à définir. Toutefois, l’idée force est que nous devons engager des coopérations concrètes sur des sujets d’intérêt commun. Premier exemple, l’environnement et la sauvegarde de la Méditerranée, qui est notre Mare nostrum. Deuxième exemple, la création d’une banque euro-méditerranéenne sur le modèle de la BEI ou de la BERD. La BEI, émanation de l’Union européenne seule, intervient déjà dans la région à travers la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP). Il s’agit désormais de consacrer politiquement l’existence d’un partenariat d’égal à égal en créant une banque commune. Troisième exemple, ouvrir aux pays du Sud méditerranéen nos dispositifs de coopération intra-européen comme Erasmus pour l’enseignement supérieur, Eurêka pour l’innovation ou encore le Plan cadre de recherche et de développement (PCRD).
Enfin, cette union méditerranéenne devra se doter rapidement d’institutions permanentes : un secrétariat général, bien évidemment, mais aussi un conseil des ministres, un conseil des chefs d’état et de gouvernement et une instance parlementaire adéquate.
Ainsi, la balle est désormais dans le camp de toutes les personnes de bonne volonté qui souhaitent rapprocher les deux rives de la Méditerranée. Elles doivent s’y atteler sans délai.
Editorial paru dans Arabies, octobre 2007.
merci pour ce joli article :) la palestine est le seul pays arabe ou le taux d'analphabetisme et trop bas et ce pays a donné de très iminent intrelectuels arabe faut trouvé une solution a ce conflit n'oublions que nous sommes tous les descendant d'adam et eve :)
Rédigé par : paix | 15 juillet 2009 à 19:02